Guillaume Chantereau s’est installé en janvier 2016 avec son père à Faÿ-lès-Nemours en grandes cultures. Il a bénéficié des aides à l’installation jeune agriculteur en réalisant les démarches du Plan de Professionnalisation Personnalisé.
Comment s’est passée la transmission avec ton père ?
J’ai toujours voulu m’installer et prendre la suite de mon père, depuis tout petit. J’ai donc fait les études pour puis j’ai été un temps salarié sur l’exploitation. Mon père n’a pas été contacté par d’autres éventuels repreneurs puisque j’étais là. Mon père était gérant de 2 SCEA. J’ai repris 91% de parts dans l’une en janvier 2016 et mon père est resté seul sur la 2 ème. Nous partagions le matériel. Nous étions d’accord sur le montant de la cession dès le début et mon père avait anticipé les choses en faisant des donations à ma sœur et moi. C’est important pour la transmission du patrimoine. D’ici quelques semaines je vais reprendre la totalité de la 2ème SCEA. Cela tombe bien car je ne suis plus dans ma période d’engagement JA.
Ton père est-il vraiment prêt à arrêter son activité ?
Il a l’âge de la retraite et veut naturellement penser à autre chose mais c’est évident qu’il va avoir du mal à s’éloigner de la ferme et risque de s’ennuyer. Nous sommes en train de réfléchir au statut qu’il pourrait avoir sur l’exploitation pour pouvoir continuer à m’aider lors des pointes de travail.
Qu’est-ce qui a changé depuis ton projet initial ?
Beaucoup de choses. Après la moisson catastrophique de 2016, j’ai suivi deux formations « diversification » à la Chambre d’Agriculture pour sécuriser mon revenu. Il y était question de méthanisation, de gites et d’atelier poules pondeuses. J’ai eu un coup de cœur pour ce 3ème projet après une visite d’exploitation. Cela devenait mon projet personnel, et plus seulement la reprise de mon père. Ce n’était pas prévu dans mon étude prévisionnelle et je savais que je m’engageais dans des démarches administratives d’avenant mais ça ne m’a pas freiné. Je suis jeune, c’est maintenant qu’il faut prendre des risques, oser et prendre le marché tant qu’il est libre. En octobre 2017 j’ai donc lancé mon projet de poules pondeuses bio et 2 ans plus tard 24 000 poulettes sont arrivées dans mes bâtiments. Les travaux ont été colossaux et l’investissement énorme mais je ne regrette rien.
As-tu bénéficié d’un accompagnement pour ton installation et ces avenants ?
Mes démarches d’installation ont duré une dizaine de mois. Concernant les avenants à mon projet initial, j’en ai fait un premier pour une reprise de 8 ha, puis un second pour mon projet de poulailler. C’est lourd administrativement mais j’ai été très bien accompagné par la Chambre d’Agriculture de Seine-et-Marne à l’époque. Je me suis par ailleurs très investi personnellement dans le côté administratif (baux, déclaration au greffe du tribunal de commerce,…). Se faire bien accompagner est essentiel mais il faut rester maître de son projet donc en connaitre les tenants et les aboutissants à tous points de vue.
Comment ton père a vu ce projet ?
Il m’a soutenu dès le début mais il est devenu rapidement soucieux lorsqu’il a pris conscience de l’ampleur des travaux. Aujourd’hui il est content et fier de ma réussite.
As-tu d’autres projets pour la suite ?
Nous sommes en train d’intensifier la vente directe via un deuxième distributeur à la ferme. Nous y commercialisons nos œufs mais également des produits transformés de nos poules de réforme. Nous allons prochainement embaucher pour pallier le surcroit d’activité. Cet hiver nous allons planter des arbres fruitiers dans le parcours.
As-tu un conseil à donner aux futurs installés, une chose à retenir ?
Il faut oser, bien réfléchir son projet, se faire accompagner et aller jusqu’au bout. Je suis l’exemple que c’est possible d’apporter des modifications au projet initial pendant la période des 4 ans d’engagement jeune agriculteur. Ce n’est pas ça qui doit freiner une installation avec les aides, ni d’engager des changements quand on en a l’envie et l’opportunité.
Et aux cédants ?
Une installation s’anticipe mais une transmission aussi, que ce soit pour la gestion du patrimoine, la fiscalité, le côté social ou tout simplement pour laisser le temps au jeune qui s’installe de réaliser ses démarches.